Une transmission « dans les tablettes »

Interview 26.01.2023

A 64 ans, le maître artisan chocolatier Max Vauché a transmis son entreprise éponyme à 2 de ses salariés. Ces dernières reprennent le flambeau gourmand, aux côtés d’un autre investisseur et de Max Vauché, himself, qui garde une participation minoritaire au capital.
Jean-Marc Raza, associé EURALLIA FINANCE Orléans, a piloté cette transmission, dans le respect des valeurs qui ont fondé le succès de ce temple du chocolat.

Max Vauché a sans doute écrit les plus belles pages de l’histoire du chocolat dans le Loir-et-Cher. Originaire des Ardennes, cet éternel gourmand s’est piqué de passion pour les fameuses tablettes, lorsqu’il était enfant, et qu’il dégustait du chocolat belge, les dimanches ! De là est né un amour pour les fèves de cacao, les plantations et le produit fini ! Une passion qui se concrétise dès 1986 avec l’ouverture de sa boutique-atelier à Blois (41). « Ce métier m’a tout appris et tout donné, reconnaît cet autodidacte, titulaire d’un CAP Pâtisserie. J’avais envie de partager cette fougue, d’où l’idée de fabriquer le chocolat, en vitrine, à la vue de tous ! » Un pari osé pour l’époque, mais qui fait mouche auprès des clients.

De la fève à la tablette

Nommé maître-chocolatier en 1999, Max Vauché se retrouve vite à l’étroit dans son laboratoire et décide de s’agrandir en 2005, en construisant un nouvel atelier à Bracieux, près du château de Chambord. Conçu comme un parcours gourmand - de la fève à la tablette - ce musée-atelier connaît un vif succès avec plus de 30 000 visiteurs par an. « En 2018, rebelote ! Face à la demande en constante croissance, il a fallu construire un laboratoire de production supplémentaire de 1200 m2 et une nouvelle boutique, à Contres, cette fois-ci. » Larmes de cerfs, coffrets gourmands, orangettes… Quand il s’agit de chocolat, Max Vauché déborde de créativité. Avec ses 3 boutiques, une soixantaine de salariés et plus de 50 tonnes de chocolat par an, le dirigeant se retrouve à la tête d’un petit empire gourmand, qui attise les convoitises. Un premier repreneur potentiel approche le maître-chocolatier en 2017. Conseillé par Jean-Marc Raza, associé EURALLIA FINANCE Orléans, Max Vauché profite de cette occasion pour réaliser une évaluation de son entreprise. « Cette première approche m’a fait avancer dans ma réflexion, car le sujet de transmission n'était pas encore d’actualité, avoue l’entrepreneur. C’est souvent un sujet lointain et que l’on repousse quand on est chef d’entreprise. ».

Entre succès et soubresauts

Si Max Vauché s’est montré indécis à l’époque, le destin fut, quant à lui, beaucoup plus catégorique. « Nous avons inauguré Contres quelques jours avant le premier confinement. Résultat : une perte sèche de 50 000 moulages en chocolat que nous avons distribués gracieusement, et un chiffre d’affaires en baisse de 28 %. » Malgré ce coup de Trafalgar, l’entreprise a su renouer avec la croissance en 2021, avec un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros, sur ses 3 magasins. « La question de la transmission est alors revenue sur le tapis, avoue Max Vauché. En fait, le Covid est devenu un élément de réflexion supplémentaire, et j’ai recontacté Jean-Marc Raza pour faire le point sur la transmission. EURALLIA FINANCE Orléans a identifié 7 repreneurs potentiels, dont une offre reçue par 2 de mes salariées, Valérie Chiron du service comptable et Janet Mandard, du service marketing/communication. »

Une transmission de confiance

C’est finalement cette offre qui a retenue toute l’attention de Max Vauché. « Jean-Marc Raza a su me conseiller quant à la faisabilité de l’opération. Céder son entreprise à des salariés est rassurant, car ils connaissent parfaitement la culture d’entreprise, les clients, les enjeux. Toutefois, dans ce genre de transactions, l’affectif peut prendre le dessus, et il est important d’avoir une personne neutre à ses côtés pour apporter des conseils éclairés. ». Pour la réussite du projet, Valérie Chiron et Janet Mandard se sont associées à Emmanuel Le Goff, désormais en charge de la production et de la logistique. Elles ont également demandé à Max Vauché de rester dans l’entreprise, en prenant une participation de 10 % dans le capital de la nouvelle société (MVJ DEVELOPPEMENT). « Je les lance pendant 3 ans, et après elles prendront leur envol ! » s’amuse le maître-artisan chocolatier qui continue à soutenir 7 planteurs de cacaoyer à Sao-Tomé-et-Principe, au large du Gabon.

« Céder son entreprise à des salariés est rassurant, car ils connaissent parfaitement la culture d’entreprise, les clients, les enjeux. Toutefois, dans ce genre de transactions, l’affectif peut prendre le dessus, et il est important d’avoir une personne neutre à ses côtés pour apporter des conseils éclairés. ».

« Le temps est notre meilleur allié »

Le succès d’une transmission réussie, c’est avant tout le temps. Il est impensable de transmettre son entreprise, sans délai, surtout si elle n’est pas suffisamment structurée ou si elle perd du chiffre d’affaires. Dans le cas de la cession de Max Vauché, nous avons su prendre le temps nécessaire pour bien préparer le dossier en amont et consolider son modèle. Nous savions que la perte de vitesse en 2020 n’était que purement conjoncturelle. Un faisceau de facteurs nous montrait une reprise rapide, dans un marché en pleine croissance.

Au regard de la quarantaine de repreneurs potentiels, j’ai sélectionné 7 dossiers, qui me semblaient en accord avec les valeurs du dirigeant, dont l’offre des deux salariées, Valérie Chiron et Janet Mandard. Ce genre de cession pose une problématique particulière, puisque l’humain et l’affectif s’entrechoquent avec l’aspect financier. Les rapports employeur/salarié changent également de nature. Mon rôle est de les accompagner dans les discussions et d’éclairer mon client sur les parties techniques de l’opération, en faisant fi de l’affectif. Le fait que Max Vauché soit encore au capital m’apparaît comme un élément clé dans la réussite du projet. Il dispose en effet d’un capital image fort auprès de ses clients. En restant associé, il marque ainsi sa confiance dans la cession et apporte un gage de sérieux complémentaire auprès de financeurs potentiels.